(Lire ici le texte de l'Évangile: "La Samaritaine")

Voilà encore un de ces récits dont saint Jean a le secret: quand la Samaritaine rencontre le Christ: c'est un récit tout-à-fait unique, à bien des égards. Il y a cet aspect spécial, que peut-être seule la Bible selon la Vulgate traduit fidèlement; ailleurs il est gommé: il sera donc approfondi ici.

Jésus est assis sur la margelle du puits de Jacob, à Sychar. Il se repose de la route qu'Il vient de parcourir. La Samaritaine se rend bientôt aussi à ce puits pour y puiser de l'eau.

Là est assis un Homme inconnu de race juive. Samaritains et Juifs sd'ignorent allègrement, et se méprisent sans doute quelque peu mutuellement.

Cet Homme, déférend, s'adresse à elle: "Donnez-Moi à boire".

Elle en est totalement stupéfaite, mais aussi agacée et intriguée. Stupéfaite, car les Juifs ne parlent pas aux Samaritains. Agacée, car puiser de l'eau dans ce puits profond est une corvée pénible qu'elle n'exécute que par nécessité. Or, l'un de ces Juifs si fiers lui adresse la parole, mais pour qu'elle s'exécute d'une corvée pénible pour Lui, bien sûr, pense-t-elle. Intriguée, aussi, par ce ton de Déférence inhabituelle. Elle vit en dehors des règles de la société d'alors, ce qui ne lui procure pas spécialement tant de respect que ça.

Nous sommes dans le vif de l'action, et donc, elle répond: mais pas sur une ligne respectueuse, et fait bien sentir à son interlocuteur, que malgré son ton poli, elle n'est pas dupe de son audace: "Comment! Toi, Qui es Juif,  Tu me demandes à boire, à moi qui suis une femme samaritaine?"

Tout le long, le Christ garde envers elle le même langage respectueux, tandis qu'elle persiste dans son insolent tutoiement, jusqu'au moment où Il lui parle de son mari; et là, subitement, elle perd sa (son apparente?) superbe: "Je n'ai point de mari"

Là aussi, peut-être, doit-on exercer une attention aigüe aux propos que Jésus ajoute: "vous avez bien dit: je n'ai point de mari;Car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n'est pas votre mari; en cela, vous avez dit vrai."

Comme si le Seigneur l'attendait précisément sur ce sujet, dans la confidence, la confession: là, Il souligne ces propos qui reflètent la souffrance et la tragédie de sa vie: elle souffre. Sa vie ne se déroule pas en conformité du Bien.

Mais remarquez que le fait que le Seigneur ait vu la détresse de son âme ne la déstabilise pas. Au contraire, elle poursuit ce dialogue si profond, mais qui inclut maintenant le Vrai Respect auquel le Seigneur l'avait convié dès le premier instant de cette Rencontre qui va changer sa vie. Elle adopte maintenant le vouvoiement et poursuit:"Seigneur, Je vois que Vous êtes vraiment Prophète..."

Et le Dialogue se déroule maintenant sur le sujet de la Grande Attente des Juifs: le Messie. Et à ses propos "je sais que le Messie vient; lors donc qu'Il sera venu, Il nous apprendra toutes choses", le Christ lui révèle sa Véritable Identité (Je suis le Messie, Moi Qui vous parle.).

Mais qui peut bien être cette femme, cette étrangère, pour que le Christ, qui tient si cachée son Identité, se découvre ainsi? N'est-ce pas extraordinaire?

Et elle est si pleine de joie et d'espérance que les autres habitants de Sychar sont gagnés: ils croient. Jésus reste ainsi deux jours parmi eux, et leur vie ne sera plus la même: ils ont connu que le Messie est là, parmi les hommes.