L'an 778, les armées de l'Empereur Charlemagne assiégèrent un château-fort plusieurs mois durant; celui-ci estoit occupé par un prince sarrazin qui avait nom Mirat. Icelui sembloit invincible, résistant à maincts assaults, la victoire lui semblant réservée, quoique l'on entreprist.

Aussi, l'empereur des franc osact-il la voie parlementaire.

Offrist-il à Mirat d'être faict comte ou chevallié, en échange de se rendre,  iceluy n'en a cure.

Avançoit-il de lui conserver jouissance et octroi de ses terres à la condition qu'il se fisse baptiser, Charlemagne n'obtint qu'une opposition farouche.

Le Seigneur Mirat estoit indifférenct à l'appât de richesses, honneurs ,titres ou possessions.

" Eh quoi?, faict-il fièrement. Je ne connaissois nul mortel au-dessus de moy! J'entendois donc agir selon ma guise, et non me laisser aller à capitulation, qui pour moy signyfi plain déshonheur et fielleuse honte: hors ça,me plaict mieux de souffrir la mort dans les plis de l'onheur!"

En fort désespoir de voir revenir ce rude sarrasin d'un tel entestement, L'empereur Charlemagne songea bientôt à l'abandon du siège. Il allait lever ses armées, lors que l'Évesque du Puy, qui estoit aussi  aumosnier se tourna en ferventes prières implorant humblement Nostre-Dame du Puy.

Nostredame enfin intervint, qu'on y vict pour Icelle honneurs et avantages à pareille Victoire.

Apparust de dans ciel un aigle royal, fort immens. Icelui vole jusque à-mesme la forteresse du Seigneur Mirat, dépose ça poisson d'énorme taille; Mirat apperçu et merveille et prodige, envoye-là le poisson offrir à dessein , et de faire dire à Messire Charlemagne, Empereur de tous les francs par voie de son fidèle janissaire:

"Vois par toy-mesme, faict-il, je ne sauroy craindre que nenni et disette et famine! Je te faic présent d'un des magnifiques poissons qui se mirent dans nos viviers alentour!"

La situation paraissait ne point connaistre issue.

Lors, l'Évesque-du-Puy obtins d'estre émissaire, afin de parlementer à la citadelle avec le Seigneur Mirat.

Voylà en substance le contenanc de ses propos:

"Hors ça, messire, vous ne voulûtes point vous résigner et vous rendre à Charlemagne, pourtant estoit Prince impérial, grand au-dessus de tous les autres grands, puisque vous déplaict de l'a-voir pour suzerain, et que nulle paix ne désirez obtenir de par-luy, que nul traité ou convention ne voulez agréer, ni par plaisyr, ni par force, daignez néanmoins accorder à la plus noble Dame qu'onc ne vict, Sainte-Marie-du-Puy, Mère de Dieu de devenir votre noble maîtresse; suys moi-mesme son humble servant; soyez vous-mesme son noble chevallié."

Voici ce fier Mirat que nul n'aye pu bouter ou vaincre par les armes, qui se rend aussitost à la parole de l'Évesque; sous condition que son fief onc ne relevast soit pour luy ou pour descendance, d'autre qu'Icelle, la plus noble Dame de toustes;

Ainsi faict, il dépose armes aux pieds du grand serviteur de sa Noble Dame Marie-du-Puy, consent à recevoir le Baptesme de Jésus-Christ, estoit ainsi faict chevallié attaché à son Grand Onheur, et gardoit chef altier de celuy qui restoit invaincu d'armée  plus noble,   plus redoutable, en si grand renom.

Le grand Empereur, en effet consentist, pluisqu'il plaist que soit ainsi aux yeux de Nostre Dame du Puy.

La forteresse de Lourdes.

Mirat reçu ci-faict le Baptesme des mais de l'Évesque du Puy et prist-ça Lorda pour nom de baptisé:

Lorda, qui s'est transformé en Lorde, puis en Lourdes!

Souce: "La Vierge Marie dans l'histoire de France", Marquis de Franquerie.

Livre passionnant à se procurer et à lire!