Extrait d'un témoignage d'une femme ayant avorté :
"Contrairement à ce que je croyais, l’IVG n’a pas réglé mon problème. Il en a créé une multitude d’autres. Voilà ce que personne ne m’a dit: Personne ne m’a dit que je sombrerais dans une profonde dépression immédiatement après l’IVG et que les premières envies de mourir commenceraient. La douleur était si profonde que pour continuer à vivre, je la refoulerais pendant des années jusqu’à ce que le psychisme épuisé par ces efforts craque.
Personne ne m’a dit que les symptômes de stress post-traumatique apparaîtraient 9 ans après l’IVG sous la forme d’une angoisse incompréhensible et effroyable, puis 11 ans après l’IVG sous la forme de 3 années de souffrance intense: 7 hospitalisations sur 3 ans seront nécessaires pour venir à bout de dépressions suicidaires et d’épisodes d’hyper excitation où je cherchais à échapper à une mort imminente. Mais le lien de cette souffrance avec l’IVG n’a pas été reconnu et j’ai été faussement diagnostiquée par les médecins avec une maladie génétique incurable nécessitant à vie une prise quotidienne de médicaments.
Personne ne m’a dit que 16 ans après mon IVG, avec la naissance d’un fils un an après mon mariage, toutes les conditions seraient réunies pour faire remonter le traumatisme de l’avortement. Cauchemar après cauchemar, je me verrais enterrer des bébés vivants, jeter à la mer des bébés, et chercher à échapper à une mort imminente. Pour les 3 mois de mon bébé, une petite phrase provoquerait l’effondrement de 16 ans de déni de réalité sur mon avortement. La petite phrase était «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime» et je réaliserais la seconde suivante que j’avais fait le contraire en avortant.
Personne ne m’a dit que je serais sidérée de comprendre alors, que ma maladie, les cauchemars, l’obsession d’éviter une mort imminente étaient liés à l’IVG 16 ans plus tôt. Depuis des années, je revivais donc inconsciemment la destruction violente de la vie que j’avais portée. En faisant le deuil du bébé que je ne tiendrais jamais dans mes bras, tous les symptômes de ma soi-disant maladie génétique incurable ont disparu rapidement. J’ai cessé tout médicament depuis 10 ans mais j’ai continué de pleurer sur mon bébé perdu pendant des années."
Michel Janva